Point écoute

Conseillère conjugale et familiale, Marie Liberge anime depuis 2013 le Point écoute de Sainte-Marie, où elle reçoit les élèves chaque jeudi, en matinée et jusqu’en début d’après-midi. Les élèves lui confient leurs problèmes, quelle que soit leur nature, et ensemble, ils tentent d’y remédier et de trouver des réponses à leurs inquiétudes. C’est un lieu et un moment, où, comme son nom l’indique, l’écoute prend tout son sens.

Marie Liberge

Quelle est votre formation, Marie Liberge ?

Marie Liberge – Il y a douze ans je me suis formée à l’éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle (EARS). A force de rencontrer des jeunes en difficulté avec leurs parents, de voir combien le climat familial était pesant pour eux, notamment lors de séparations qui ne se passaient pas très bien, j’ai désiré continuer à creuser cette question en m’intéressant aux couples. Je me suis donc formée à ce moment au conseil conjugal et familial. Depuis, je travaille sur ces deux axes : l’accompagnement des jeunes et les couples dans les crises qu’ils traversent.

Comment en êtes-vous venue à tenir le Point écoute de Sainte-Marie ?

Je venais à Sainte-Marie avec une équipe du CLER (Centre de Liaison des Équipes de Recherche sur l’amour et la famille) qui intervenait dans les établissements auprès des élèves du collège. Les années passant, une demande d’accompagnement personnalisé et durable des jeunes a émergé. C’est ainsi qu’est né le Point écoute. Il a ouvert en 2013, démarrant d’abord tout doucement. Il a pris son plein essor il y a trois ou quatre ans.

L’important est d’écouter les jeunes, de les accompagner, mais surtout de les rassurer sur ce qu’ils vivent, au moment de leur adolescence ou dans leur relation avec les autres élèves et leurs parents. Porter un regard positif sur eux et les valoriser est également très important.

Pourquoi ce démarrage « en douceur » ?

Parler de choses qui nous habitent, qui ne sont pas toujours faciles à partager, c’est une démarche qui coûte. Et au départ il fallait trouver le lieu qui soit idéal, qui soit à l’écart, tout en n’étant pas trop isolé. Il fallait aussi le temps que l’établissement s’habitue, que l’équipe éducative ait connaissance de ce lieu, que l’information passe, que le bouche à oreille fonctionne. On en voit aujourd’hui le bénéfice : l’équipe éducative joue le jeu, les élèves en parlent entre eux.

L’équipe éducative vous signale-t-elle des élèves ?

De plus en plus. Cette coopération est précieuse. Des professeurs et des surveillants établissent le lien entre les élèves et moi. Maintenant le réflexe est là.

Qu’est-ce que les élèves viennent chercher, demander ou raconter au Point écoute ?

Ils se confient, parlant parfois de choses légères, en tout cas du point de vue d’une personne extérieure, des choses sans gravité, mais qui les habitent suffisamment pour qu’ils ressentent le besoin de les partager et d’y apporter des réponses. Les élèves qui font cette démarche spontanément sont généralement les plus jeunes, les 6e, qui découvrent un nouvel établissement et sont donc avides d’informations. Les 5e ont pris l’habitude, des 4e viennent encore, plus rarement les 3e et les lycéens.

Quels sont les problèmes que les élèves évoquent devant vous ?

Ce sont le plus souvent des problèmes relationnels, avec leurs amis, dans la classe, ce qu’ils vivent au collège, ou encore des problèmes liés à leur environnement familial. Au collège, chacun doit prendre sa place, exister au regard des autres, et ce qu’ils craignent le plus, c’est d’être isolés. Or beaucoup sont prêts à renoncer à ce qu’ils sont pour pouvoir rejoindre un groupe. Rien n’est stable et beaucoup de jeunes veulent éclaircir une situation qui s’est enkystée dans un groupe d’amis, où il y a des histoires qui prennent parfois des proportions importantes. L’ambiance de la classe en soufre. Ils se rendent quelques fois à plusieurs au Point écoute pour trouver une solution. Il y a aussi ceux qui s’inquiètent pour un de leur camarade et qui ne savent pas comment s’y prendre pour l’aider.

Et vous parvenez à démêler tous ces fils ?…

Cela dépend. Il y a beaucoup d’émotion. Mais le fait d’en parler désamorce beaucoup de problèmes. Certains viennent régulièrement. Ils ont le souci de la relation, le souci de faire en sorte que cela aille mieux. Ils prennent tout pour eux et ont du mal à faire la part des choses. Il faut les aider à prendre du recul. D’autres sont mieux armés. C’est une question de personnalité.

Des parents vous demandent-ils de rencontrer leur enfant ?

Des parents sont heureux de savoir que cette ressource existe, et certains encouragent leurs enfants à venir au Point écoute. Mais je ne sais pas si tous les parents ont conscience de cette ressource. Car ce que je constate, lorsqu’un jeune vient me confier une difficulté, c’est qu’il est parfois seul à la porter. Il n’ose pas en parler en famille, craignant d’inquiéter ses parents ou de les décevoir ou de n’être pas à la hauteur de leurs attentes. Alors j’essaie de creuser, de comprendre pourquoi c’est difficile pour lui et nous cherchons ensemble la manière dont il pourrait amorcer le dialogue avec ses parents pour s’appuyer davantage sur eux ou sur d’autres adultes de confiance.

En conclusion, sur quoi insistez-vous le plus ?

L’important est d’écouter les jeunes, de les accompagner, mais surtout de les rassurer sur ce qu’ils vivent, au moment de leur adolescence ou dans leur relation avec les autres élèves et leurs parents. Porter un regard positif sur eux et les valoriser est également très important.